Bigorexie : quand la passion du sport devient une addiction au quotidien

Quand le sport prend toute la place dans la vie, qu’on culpabilise au moindre repos et qu’on souffre malgré tout, on parle parfois de bigorexie, une forme d’addiction au sport qui mérite d’être repérée et accompagnée à temps.

Ce que la personne ressent généralement

Quand on parle de bigorexie, on ne parle pas seulement de quelqu’un qui aime beaucoup le sport. On parle d’une personne qui a l’impression de ne plus avoir vraiment le choix : il faut s’entraîner, coûte que coûte, même si le corps est épuisé, même si la vie de famille ou le travail en pâtissent. Le sport n’est plus un plaisir, mais une obligation intérieure très forte, parfois vécue comme un « manque » quand on ne peut pas s’entraîner.

Concrètement, la personne peut ressentir :

  • une culpabilité intense quand elle saute une séance ;
  • une irritabilité, de l’angoisse ou une vraie mauvaise humeur dès qu’un entraînement est annulé ;
  • la sensation d’être « mal dans sa peau » dès qu’elle ne bouge pas ;
  • l’idée qu’il faut toujours faire plus : plus vite, plus longtemps, plus lourd.

Le sportif bigorexique (ou qui se demande s’il l’est) organise souvent toute sa journée autour du sport : horaires de travail modifiés, vie sociale réduite, vacances choisies uniquement pour pouvoir s’entraîner. Il ou elle peut se décrire comme « addict au sport », parfois avec fierté, parfois avec inquiétude, sans toujours se rendre compte que cette addiction au sport commence à lui faire du mal.

Autre ressenti fréquent : le corps souffre, mais la personne continue. Blessures à répétition, douleurs articulaires, fatigue permanente… tout cela est mis sur le compte d’un manque de volonté ou d’une étape « normale » de progression, alors que ce sont parfois des signaux d’alerte. Dans certains cas, la bigorexie maladie s’accompagne d’une obsession pour le poids, la silhouette, la masse musculaire, ou d’un contrôle très strict de l’alimentation.

Important à garder en tête : ce que vous ressentez est réel, légitime, et ce guide ne pose aucun diagnostic. Il vous aide simplement à repérer des situations dans lesquelles il peut être utile de demander de l’aide.


Dans quels cas c’est souvent bénin

Heureusement, être très motivé par le sport ne signifie pas automatiquement être bigorexique. Il existe beaucoup de situations où une pratique intensive reste saine, tant que certains repères sont respectés.

Périodes de challenge ponctuel

Préparer un marathon, un triathlon, une compétition importante ou un défi personnel demande souvent plusieurs semaines d’entraînement soutenu. Dans ces périodes, il est normal :

  • de penser souvent au sport ;
  • d’ajuster son emploi du temps pour s’entraîner ;
  • d’être un peu plus fatigué que d’habitude.

Mais dans ces cas-là :

  • la phase est limitée dans le temps (avant la course, par exemple) ;
  • une fois l’objectif passé, le rythme redescend ;
  • la personne reste capable de lever le pied si une blessure ou un imprévu survient.

Quand la pratique reste souple et négociable

On est plutôt dans quelque chose de bénin quand :

  • vous pouvez annuler ou raccourcir une séance sans vous sentir nul ou « mauvais » ;
  • vous gardez du plaisir à vous entraîner, même si tout n’est pas parfait ;
  • si un proche vous fait remarquer que vous en faites beaucoup, vous pouvez en discuter sans vous sentir agressé ;
  • le sport ne vous coupe pas durablement de vos amis, de votre famille ou de vos études / travail.

Dans cette configuration, on peut parler de passion, d’habitude de vie, voire de période un peu intense… mais pas forcément de bigorexie. La frontière, elle, se situe plutôt là où la pratique devient rigide, incontrôlable, et où le reste de la vie se dérègle.


Dans quels cas consulter

Il est temps de demander l’avis d’un professionnel dès que le doute s’installe : « Est-ce que je suis bigorexique ? », « Est-ce que je suis en train de me détruire sans m’en rendre compte ? ». Certaines situations doivent vraiment alerter.

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Signaux d’alerte dans le corps

Une consultation est recommandée si vous remarquez :

  • des blessures fréquentes (tendinites, fractures de fatigue, douleurs articulaires persistantes) ;
  • un épuisement général qui ne s’améliore pas malgré le repos ;
  • des troubles du sommeil importants ;
  • des palpitations, essoufflements anormaux, vertiges à l’effort ;
  • des troubles alimentaires qui apparaissent ou s’aggravent (sauter des repas, contrôler de manière très stricte ce que vous mangez, peur de prendre du poids).

Ces signes montrent que votre corps ne suit plus le rythme imposé. Même si vous vous dites que « ça va passer », l’avis d’un médecin, d’un psychologue ou d’un autre professionnel de santé permet de vérifier que rien de grave ne se cache derrière.

Signaux d’alerte dans la tête et la vie sociale

Une addiction sport, ou une vraie bigorexie, se manifeste aussi dans la tête et dans la façon de vivre :

  • le sport devient la seule source de valeur personnelle : « Si je ne m’entraîne pas, je ne vaux rien » ;
  • vous mentez à votre entourage sur la durée ou l’intensité de vos séances ;
  • vous refusez beaucoup d’invitations (famille, amis) pour préserver vos entraînements ;
  • vous vous sentez très anxieux, irritable ou déprimé quand vous ne pouvez pas pratiquer ;
  • votre travail ou vos études se dégradent parce que tout est organisé autour du sport ;
  • vous avez parfois l’impression de ne plus contrôler : vous décidez de faire une heure… et vous en faites deux, voire plus, sans réussir à vous arrêter.

Si vous vous reconnaissez dans plusieurs de ces situations, ce n’est pas un échec ni une honte. C’est un signal que votre relation au sport mérite d’être regardée de près, avec quelqu’un de formé à ces sujets.

Bigorexie maladie : ce que seul un professionnel peut dire

On trouve facilement en ligne des expressions comme « bigorexie définition », « bigorexie test » ou « bigorexie symptômes ». Ces contenus peuvent aider à mettre des mots sur ce que vous vivez, mais ils ne donnent pas un diagnostic. Des questionnaires standardisés existent pour repérer une dépendance à l’exercice physique, mais ils sont conçus pour être utilisés par des professionnels et s’interprètent toujours dans le cadre d’un entretien plus global.

En clair :

  • un site, une vidéo ou cet article ne peuvent pas dire si vous êtes bigorexique ;
  • seul un professionnel (médecin, psychologue, psychiatre, spécialiste des addictions…) peut poser ce type de diagnostic, ou dire qu’il s’agit plutôt d’autre chose ;
  • demander de l’aide tôt permet souvent d’éviter que la situation ne s’enfonce.

Quand appeler les urgences sans attendre

La plupart des situations de bigorexie relèvent d’une prise en charge programmée, mais certains signes imposent de réagir immédiatement.

Risques physiques immédiats liés au surentraînement

Appelez les services d’urgence ou faites-vous emmener sans délai si, pendant ou après le sport, vous ressentez :

  • une douleur thoracique brutale, oppressante, qui ne passe pas au repos ;
  • une difficulté importante à respirer, avec sensation d’étouffement ;
  • un malaise avec chute, perte de connaissance ou désorientation ;
  • un traumatisme important (chute violente, choc à la tête, douleur intense à un membre avec déformation).

L’addiction au sport et la bigorexie augmentent le risque de pousser le corps bien au-delà de ses limites, avec des conséquences parfois graves sur le cœur, les os ou les muscles. Mieux vaut faire vérifier une fois de trop que pas assez.

Risques psychiques graves (idées noires, passage à l’acte)

Les troubles liés à une addiction sport peuvent s’accompagner d’une grande souffrance psychique : perte d’estime de soi, impression de ne plus rien maîtriser, isolement, angoisse.

Appelez les urgences ou demandez à quelqu’un de le faire pour vous :

  • si vous avez des idées suicidaires, avec ou sans plan précis ;
  • si vous avez l’impression que vous pourriez vous faire du mal pour « échapper » à la situation ;
  • si un proche pratiquant intensément le sport tient ce type de propos ou devient soudainement très différent (retrait, messages d’adieu, comportement dangereux).
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Dans ces cas-là, il ne s’agit plus seulement de bigorexie ou non, mais de protéger une vie. Parler à un professionnel en urgence peut vraiment faire une différence.


Ce que l’on peut faire soi-même avec prudence

L’idée n’est pas de tout gérer seul, mais certains pas peuvent déjà vous aider à y voir plus clair, en attendant une consultation.

Faire le point sur sa relation au sport (petit « bigorexie test » maison)

Sans chercher une vraie bigorexie def médicale, vous pouvez vous poser tranquillement quelques questions :

  • Si je suis blessé(e), est-ce que je continue malgré tout ?
  • Est-ce que je mens sur le temps passé à m’entraîner ?
  • Est-ce que je me sens inutile ou coupable dès que je ne fais pas de sport ?
  • Est-ce que j’ai déjà annulé des événements importants uniquement pour une séance de sport ?
  • Est-ce que je pense au sport presque tout le temps ?

Plus les « oui » sont nombreux, plus il devient important d’en parler à quelqu’un de confiance, puis à un professionnel. Là encore, ce n’est pas un diagnostic, seulement un outil pour prendre conscience de ce qui se joue.

Ajuster progressivement son entraînement

Si vous sentez que la bigorexie c’est quoi vous concerne un peu, il peut être utile de :

  • réduire légèrement la durée ou l’intensité de certaines séances, plutôt que de tout arrêter ;
  • bloquer dans votre planning de vraies journées de repos, considérées comme partie intégrante de l’entraînement ;
  • varier les activités pour diminuer la pression sur la performance pure (marche, yoga doux, natation tranquille…).

Si ces petits changements vous semblent impossibles ou déclenchent une angoisse très forte, c’est justement un indicateur qu’un accompagnement serait précieux.

En parler autour de soi sans honte

L’addiction au sport est parfois admirée (« au moins toi, tu fais du sport ! »), ce qui rend la démarche plus difficile. Pourtant, dire à un proche de confiance : « Je crois que j’ai un problème avec le sport, j’ai peur d’être bigorexique » est souvent un premier pas libérateur.

Un ami, un membre de la famille, un coach bienveillant ou un professionnel de santé peuvent être des appuis pour avancer. Vous n’êtes pas obligé d’avoir les bons mots ou une définition parfaite de la bigorexie : parler de ce que vous ressentez suffit.


Comment préparer une consultation utile

Quand on ose enfin demander de l’aide, c’est précieux. Autant mettre toutes les chances de son côté pour que la rencontre soit vraiment utile.

Noter ce qui se passe concrètement

Avant le rendez-vous, vous pouvez préparer quelques éléments :

  • combien d’heures de sport par semaine, sur un mois type ;
  • les blessures ou douleurs récurrentes ;
  • ce qui se passe dans votre tête quand vous ne pouvez pas vous entraîner ;
  • les répercussions sur vos relations, vos études ou votre travail ;
  • depuis quand vous avez l’impression que le sport a pris trop de place.

Toutes ces informations aideront le professionnel à comprendre si vous êtes simplement dans une phase d’entraînement intensif, ou si on se rapproche d’un profil de bigorexique.

Les questions à oser poser

Pendant la consultation, vous pouvez tout à fait demander :

  • « À partir de quand parle-t-on d’addiction au sport ? »
  • « Est-ce que ce que je vous décris ressemble à de la bigorexie ? »
  • « Comment pourrait-on m’aider concrètement ? »
  • « Est-ce que je dois arrêter le sport, ou juste le diminuer ? »

Le but n’est pas de repartir avec une étiquette, mais avec des pistes claires : suivi psychologique, réorganisation de l’entraînement, travail sur l’image du corps, etc., selon votre situation.

Comment impliquer l’entourage

Vous pouvez aussi demander au professionnel s’il est utile que quelqu’un vous accompagne à une prochaine séance (proche, conjoint, parent). Cela permet parfois d’expliquer la démarche, de rassurer et d’éviter les malentendus (« mais pourquoi tu veux faire moins de sport alors que c’est bon pour la santé ? »).

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L’entourage peut devenir un allié, à condition d’avoir compris que la bigorexie, ce n’est pas simplement « aimer le sport », mais une souffrance réelle.


Ce qu’il ne faut pas faire ou ignorer

Minimiser la souffrance ou se dire que « ce n’est pas assez grave »

Se dire : « Il y a pire, je ne me drogue pas, je fais juste trop de sport » est tentant. Pourtant, la bigorexie peut abîmer le corps, la santé mentale, le couple, les études, la vie professionnelle.

Si vous souffrez, que vous soyez sportif amateur ou professionnel, homme ou femme, votre souffrance mérite d’être prise au sérieux, même si personne autour de vous ne semble inquiet.

Couper le sport d’un coup sans accompagnement

L’autre extrême serait de tout arrêter brutalement pour « se prouver » qu’on n’est pas dépendant. Cela peut :

  • accentuer le mal-être ;
  • déclencher un vrai état de manque ;
  • pousser à se réfugier dans d’autres comportements à risque (alcool, nourriture, écrans…).

Mieux vaut en parler et construire un plan adapté plutôt que de se lancer dans un sevrage total, seul, du jour au lendemain.

Se réfugier dans d’autres comportements à risque

Parfois, quand la bigorexie est repérée, la tentation est de remplacer l’addiction au sport par autre chose : travail excessif, jeux d’argent, alimentation déséquilibrée, substances… Ce n’est pas une solution durable.

Si vous sentez que vous glissez de l’addiction sport vers un autre excès, c’est aussi un moment important pour demander de l’aide : l’objectif est de retrouver un équilibre de vie, pas simplement de changer d’obsession.


FAQ

Peut-on être bigorexique sans être « sportif de haut niveau » ?

Oui. La bigorexie ne concerne pas uniquement les champions ou les personnes qui font des performances impressionnantes. Elle peut toucher quelqu’un qui court tous les jours, qui va constamment à la salle, ou qui fait des heures de sport d’endurance sans forcément participer à des compétitions. Ce qui compte, ce n’est pas seulement le niveau, mais surtout la perte de liberté : le sport prend toute la place et devient impossible à réduire, même quand on en souffre.

Comment faire la différence entre passion et addiction au sport ?

Une passion laisse une marge de manœuvre : vous aimez le sport, mais vous pouvez le mettre entre parenthèses pour un événement important, une blessure, une fatigue, un moment avec vos proches. L’addiction au sport, elle, se caractérise par une rigidité : vous continuez coûte que coûte, malgré les conséquences physiques, psychologiques ou sociales. Si vous avez l’impression de ne plus choisir vraiment, que vous le vouliez ou non, l’addiction n’est peut-être pas loin.

La bigorexie disparaît-elle toute seule ?

Parfois, la vie impose une pause (déménagement, naissance d’un enfant, changement de travail) et la relation au sport se rééquilibre. Mais quand la souffrance est installée, que le corps est abîmé ou que le mental va mal, compter uniquement sur le temps n’est pas toujours suffisant. Parler à un professionnel permet d’éviter que le problème ne se déplace ou ne s’aggrave, et d’apprendre à garder le sport dans sa vie… sans qu’il prenne toute la place.

Est-ce qu’un test en ligne suffit pour savoir si je suis bigorexique ?

Les tests en ligne peuvent être un point de départ : ils aident à se poser les bonnes questions, à repérer qu’on est peut-être « addict au sport ». Mais ils ne remplacent jamais une vraie rencontre avec un professionnel. Un score élevé ne veut pas dire que vous avez une maladie grave ; un score faible ne veut pas dire qu’il n’y a aucun problème. Si un test vous inquiète, ou si vous vous reconnaissez dans plusieurs signes de bigorexie symptôme, c’est déjà une bonne raison de consulter.

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